On aime à se pencher sur un doux berceau blanc,
  Nid sacré où l’enfant un moment se repose,
  On s’attendrit devant le mystère troublant
  De cet ange endormi dans les lys et les roses.
  Retourne-t-il en rêve au royaume des cieux ?
  Ses lèvres, où parfois glisse un sourire gracieux,
  Ont l’exquise fraîcheur des fleurs à peine écloses.
Où peut-on admirer spectacle plus charmant ?
  De ces bébés si purs sort comme une lumière
  Qui les entourent alors qu’ils rêvent en dormant ;
  On s’approche du lit comme d’un sanctuaire,
  Marchant à pas de loup pour préserver la paix
  De cette âme envolée et aussi par respect
  Pour cette pureté qui semble une prière.
On n’entend même pas son souffle si léger
  Au point que sa maman pour un instant s’inquiète
  Puis se calme en voyant ses petits doigts bouger ;
  A qui fait-il un signe au-dessus de sa tête ?
  Toute la maisonnée préserve son repos
  Et un doigt sur la bouche interdit tout propos
  Qui pourrait déranger cette envolée secrète.
Ces anges, voyez-vous, doivent dormir souvent
  Car leur fragile vie alterne entre deux mondes
  Notre terre et, là-haut, l’univers émouvant
  Des cieux où, chérubins, souvent ils vagabondent.
  Passant du monde obscur au séjour merveilleux,
  Ils jouent et rient avec tous les êtres radieux
  Qui, invisibles, peuplent la voûte profonde.
Adorables bébés qui rapportez des cieux
  Dans vos rêves dorés cette fraîche innocence,
  Sources claires dont le jaillissement précieux 
  Purifie, grâce à Dieu, nos cœurs en abondance, 
  Vous êtes à nos hivers d’éternels printemps
  Et qui veut résister à l’usure du temps
  Devra boire à votre fontaine de jouvence.
Arnaud Jonquet janvier 2005
