Déjà les frondaisons qu’avait ambrées l’automne
Dans la bise d’hiver frileusement frissonnent
Puis en un dernier vol, prélude du trépas,
Tombent en feuilles mortes et roulent sous nos pas.
Dans leur gîte, à l’abri, bêtes et gens séjournent.
Du livre des saisons une page se tourne ;
Adieu les bois fleuris et les prés toujours verts,
Voici venu les joies plus âpres de l’hiver.
Le soleil, certains jours, de ses rayons de cuivre,
Allume mille feux aux guirlandes de givre
Donnant malgré le vent glaçant mais purifié
Un air de fête aux champs et aux bois pétrifiés.
En bûches on a coupé quelques branches noirâtres
Qui font jaillir un feu ardent et vif en l’âtre.
La flamme nous embrasse en sa douce chaleur
Et sa profonde joie vient embraser nos cœurs.
On aperçoit au loin les hautes Pyrénées
Revêtues d’un manteau de neige illuminée,
Royaume de splendeur et de cristaux radieux
Dont la pureté semble être un reflet des cieux.
L’éphémère a quitté cette hostile nature
Et dans nos âmes aussi quelque chose s’épure,
Quittant la terre pour se tourner vers le Ciel ;
Le passager s’efface, il reste l’essentiel.
L’hiver ouvre aujourd’hui sa grande page blanche
Pour qu’un cycle nouveau s’écrive et se déclenche
Et, sous l’aspect trompeur d’ascèse et de raison,
L’amour vit au cœur de cette rude saison.
Arnaud Jonquet décembre 2017