Alors qu’il se promène un matin sur le môle,
Dans la blancheur des voiles et des mouettes qui volent,
Un badaud aperçoit un jeune sur le quai
Dont l’activité montre qu’il va s’embarquer.
Et l’aidant à charger les sacs et les cordages,
Il lui demande alors le but de son voyage.
L’adolescent lui dit plein de fougue et d’ardeur :
« Je pars pour les îles Réussite et Bonheur !»
« Quelle destination grandiose et magnifique !
Lui dit l’autre, emballé, c’est mieux que l’Amérique !
Mais quelle traversée ! Car ces îles sont loin !
Vous vous êtes muni de bonnes cartes au moins ?
« En fait non, je ne prends pas de cartes marines. »
« Mais vous êtes un marin chevronné, j’imagine,
Sachant bien naviguer au compas, au sextant,
Se jouant des tempêtes et de tous les autans. »
« Pas du tout, répondit ce mousse juvénile,
Car je ne pense pas que se soit bien utile.
Je suis intelligent, courageux et j’y crois ;
Bien d’autres ont réussi, alors pourquoi pas moi ? »
Bien souvent de nos jours, on en fait la remarque,
Les jeunes dans la vie veulent mener leur barque
Seuls, fermant leurs oreilles aux conseils des parents,
« Ni dieu ni maître ! » ainsi disent ces ignorants.
Combien ont embarqué de même en leur jeune âge
Pour des courses risquées finissant en naufrage !
Tempêtes, écueils, courants, nombreux sont les dangers ;
Combien ont échoué ou furent submergés !
Jeunes, sachez avant de larguer les amarres
Qu’un aussi dur voyage avec soin se prépare
Et que pour affronter les violents éléments
Il vous faudra des cartes et de bons instruments.
Ces cartes établies par nos savants ancêtres,
C’est le profond Savoir qu’ont laissé tous les Maîtres
Et ces instruments sont, bien ignorés ma foi,
Discernement, sagesse et maitrise de soi.
Quand vous connaîtrez mieux les secrets de la vie
Vous naviguerez sans que le bateau dévie,
Braverez ouragans, cyclones et tourbillons
Sans que vous renonciez ni baissiez pavillon.
Alors, comprenant mieux ce qu’est la destinée
Et la haute mission qui à l’homme est donnée,
Vous changerez sans doute de destination
Pour mettre le cap sur l‘île de « Perfection ».
Arnaud Jonquet juillet 2017
Que la route est longue vers cette île… Courage!