Dès le premier assaut, la défense recule ;
Faisant sous leur attaque plier les Romains,
Les Étrusques s’emparent du mont Janicule
Et mettent Rome ainsi à portée de leur main.
Mais un ultime obstacle maintient encor libre
Cette place fondée par le grand Romulus :
Un ouvrage enjambant les eaux larges du Tibre,
Pont aux arches de bois appelé Sublicius.
L’ample fleuve est le seul et unique barrage
Arrêtant désormais les Étrusques assaillants ;
Le plan romain est donc de détruire l’ouvrage
Par le feu au prix de quelques soldats vaillants.
Voulant donner le temps aux hommes de l’arrière
D’allumer l’incendie qui détruira le pont,
Un romain seul surgit face à l’armée entière,
Horatius Coclès de ce brave est le nom.
Ce soldat vétéran, d’un courage incroyable,
A l’entrée de ce pont, se campe, glaive en main,
Et, de son corps faisant un rempart redoutable,
Bien que seul contre tous, tient fermé le chemin.
A chacun de ses coups un ennemi se couche,
L’armée de Porsenna, impressionnée, frémit ;
Son aplomb et son cran, son énergie farouche,
Sème le trouble un temps dans les rangs ennemis.
Couvrant toute l’armée de son regard terrible,
Il défie les Étrusques tenus en respect ;
Ils hésitent, craignant ce guerrier invincible
Dont l’épée fait le vide entre les parapets.
Le combat s’interrompt, le temps qu’un ange passe ;
Les Étrusques s’observent et, se sentant honteux,
Se décident et, d’un cri, lancent alors tous en masse,
Leurs puissants javelots sur l’homme valeureux.
Était il protégé par Mars, dieu de la guerre ?
Tous les traits se plantèrent en son grand bouclier
Sans que le champion fasse un seul pas en arrière,
A peine, sous le choc, le vit-on vaciller …
Sur le point de charger pour débloquer la voie,
Les Étrusques, alors qu’ils venaient de s’élancer,
Stoppèrent en entendant d’immenses cris de joie
Et le fracas du pont qui enfin s’écroulait.
« Ô saint et vénérable dieu du fleuve Tibre,
Accueille ce guerrier s’immergeant dans tes eaux,
Sois-lui favorable ; fais qu’il soit toujours libre »
Ainsi pria Horace en sautant dans les flots.
Et le héros, plongeant tout armé dans le fleuve,
Sous une averse de javelots ennemis,
Couronnant son exploit d’une nouvelle épreuve,
Rejoignit en nageant le camp de ses amis.
à suivre
Arnaud Jonquet
Excellent. Plein de suspense et d’action. On lit cela comme un roman en se demandant ce qui va se passer après. Bravo. Le rythme est bien mené et les rimes toujours très riches.
J’aime l’histoire de Rome en alexandrins,
C’est passionnant, bien plus imagé qu’en latin!