Tu fus bien calomnié, ô malheureux automne !
Combien t’ont accusé d’apporter avec toi
Les soupirs, les regrets, la langueur monotone,
La nostalgie de ceux qui ont perdu la foi ?
A mes yeux, à mon cœur tu n’apparais pas triste,
Toi, la plus colorée de toutes les saisons ;
Je ne veux voir en toi que le génial artiste,
Peintre absolu des bois et de ses frondaisons.
Marchons à pas feutrés en tes forêts secrètes,
En silence goûtons l’harmonie de ces bois
Où les tons éclatants de tes feuillages en fête
Sont une splendeur qui nous surprend chaque fois.
Sous le dôme doré de tes ramures rousses
Recouvrant la forêt comme un frémissant toit
L’odeur des champignons, de l’humus et des mousses
Parfume finement tes intimes sous-bois.
Nous savourons dans tes somptueuses retraites
Où l’ombre tamisée filtre quelques rayons
Les nuances infinies de ta riche palette
Offrant à la forêt sa transfiguration.
Les verts, les bruns, les rouges, les ors et les ambres
Composent un superbe et lumineux tableau,
Éphémère chef-d’œuvre du début de novembre
Dans les bosquets de pins, de chênes et de bouleaux.
Là des quatre saisons le grand cycle s’achève
Par ce feu d’artifice et cet embrasement
De l’intense lumière qui tout à coup s’élève
Remontant vers le ciel comme un enchantement.
Arnaud Jonquet novembre 2017
Ces belles couleurs ne seraient-elle pas un cadeau de l’été récalcitrant?