« Connais-toi, toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux. »
Inscrit sur le frontispice du temple d’Apollon à Delphes.
Quand une année de plus vient sonner à l’horloge
De notre vie, parfois, pensif, on s’interroge
A quoi sert donc la vie et qu’est-ce qu’on attend
Pendant tous ces hivers, ces étés, ces printemps ?
Comme l’eau coule vive à la fonte des glaces,
Ces mois et ces saisons et ces années qui passent
Emportant dans leur cours nos joies et nos regrets
Ont-ils un sens, un but et un projet secret ?
Bien sûr nous savons que, tout au bout de la route,
Que nous soyons porteur ou d’espoir ou de doute,
Nous atteindrons le bord de ce gouffre béant
S’ouvrant sur l’infini ou bien sur le néant.
Certains peuvent envier les bêtes innocentes,
Hôtes secrets des bois, des prairies florissantes,
Vivant selon l’instinct, sagement, sans passions
Et mourant humblement sans poser de question.
Mais l’homme dont la tête est vers le ciel dressée
A reçu ce terrible cadeau : la pensée,
Faculté formidable, instrument fabuleux
Avec lequel il sonde et la terre et les cieux.
L’indomptable pensée qui sans arrêt nous hante,
Nous questionne toujours, entêtée, lancinante,
De sa discrète mais impérieuse voix,
Qui cherche obstinément à comprendre pourquoi
En posant des questions essentielles et profondes :
D’où venons-nous ainsi ? En quel ciel, en quel monde
Aurions-nous donc vécu un passé oublié ?
A quelles chères âmes sommes-nous liés ?
Et que découvrons-nous lorsque la mort arrive ?
Le néant absolu ou bien une autre rive ?
Retournons-nous au ciel d’où nous sommes venus,
Là-haut dans des foyers que l’on pense inconnus ?
Que de fois ces questions furent déjà posées
A l’infini des cieux, à l’aurore embrasée,
A la rêveuse lune ondoyant dans la nuit,
A la mer palpitante, au nuage qui fuit,
A tous ceux dont les corps reposent dans la terre
Mais rien ne vient lever le voile du mystère,
Aucun signe filtrant de la voûte des cieux
Et l’univers entier demeure silencieux.
Légion sont ceux qui ont abandonné leur quête
Et dans la vie sans but à corps perdu se jettent
Dans le puissant torrent des humaines passions
Se laissant entraîner au gré des tourbillons.
Et pourtant il existe une voix qui susurre
En nous comme le vent dans les blés qui murmurent
Ou la source qui bruit en un chuchotement,
La voix de notre âme qui parle doucement
Comme un mot tendre dit par quelqu’un qui vous aime.
Car les réponses existent au-dedans de nous-mêmes
Il est vain de tenter de rechercher ailleurs
Ce qui est caché dans notre for intérieur.
Mais cette douce voix, comme une confidence,
Ne peut être entendue qu’en un parfait silence
Lorsque nous savons faire en nous taire le bruit
De ce qui nous trouble et de ce qui nous poursuit :
Nos sens, nos sentiments et même notre pensée
Qui, dans cette quête, doit être dépassée.
Il faut monter encore et viser désormais
Tout en haut de notre être un absolu sommet,
Un point particulier au faîte de nous-mêmes,
Un passage secret vers les régions suprêmes
Permettant d’échapper à ce monde pesant
Et de flotter là-haut tout près du firmament.
Dans ce lieu intérieur, recueilli comme un temple,
Notre âme, connectée à l’éternel contemple
La Vie et, étincelle divine, s’unit
A l’âme universelle en l’espace infini.
Arnaud Jonquet juin 2018
« Je pense donc je suis » de Descartes est donc parfois une fausse piste!
Merci pour cette méditation partagée…