Le bois redescendu non loin de leurs navires,
Hors de la vue de Troie, ils se mirent à construire
Aux ordres d’Épéos, un habile sculpteur,
Un vaste bâtiment, d’une rare hauteur.
Les Troyens que l’absence des Grecs déconcerte
Se plaisent à croire que leurs ennemis désertent
Mais pouvant observer tout au loin leurs vaisseaux,
Restent encor abrités par leurs murs colossaux.
Jusqu’au jour où, surpris, ne voyant plus de voiles,
Disparition semblant quelque peu anormale,
Prudemment, ils envoient un groupe en éclaireur
Dont les soldats alors sont saisis de stupeur !
Personne ! Plus d’armée, plus un bateau aux rives !
Visiblement les Grecs, d’une façon furtive,
Cette fois, pour de bon, ont bien levé le camp
Laissant la vallée et le littoral vacants.
C’est alors qu’au détour d’un tertre ils avisent
Un objet leur créant une immense surprise,
Un animal géant, fabuleux, colossal,
Sculpté dans du bois, un gigantesque cheval !
La troupe de soldats contemple, intimidée,
Cette immense statue dépassant vingt coudées.
Tous, impressionnés par une telle grandeur,
Admirent malgré eux le talent des sculpteurs,
Les justes proportions, la courbe de l’échine,
La belle expression de la tête chevaline
Superbement ornée jusqu’au reflet des yeux
Que deux pierres précieuses imitent de leurs feux.
Un chef d’œuvre vraiment cette sculpture entière
De la longue queue à l’opulente crinière !
L’imposante statue reposait toutefois
Sur un épais plancher également en bois.
(à suivre)
Quel suspense!