Après qu’ils soient calmés, au bout d’une semaine,
Cherchant quelque abri pour enfin reprendre haleine,
Les Grecs aperçurent devant eux un îlot
Et une baie fermée protectrice des flots.
Dans cette anse abritée les marins donc mouillèrent
Leur petite flottille de douze galères.
Ulysse désigna trois compagnons adroits
Pour partir en mission reconnaitre l’endroit.
Après avoir grimpé longtemps depuis la berge,
Les hommes en chemin rencontrèrent une vierge
Dont l’immense taille leur fit grande impression.
Elle leur montra du doigt au loin la direction
Du superbe palais du roi de la contrée.
Pour demander l’aumône de quelques denrées,
Les envoyés entrèrent alors dans le palais
Mais, ayant aperçu de la reine l’aspect,
Ils furent saisis par une forte épouvante
Car cette reine était aussi une géante !
Le roi, Antiphatès, colosse monstrueux,
A la vue des trois Grecs, d’un coup se rue sur eux,
Attrape l’un des trois, le tue, le broie, l’avale !!
Horreur ! ! Pour échapper aux géants cannibales,
Les deux hommes restant repartent en courant
Mais à l’appel du roi, un peuple de titans
Tout en vociférant se lance à la poursuite
Des deux infortunés dans leur rapide fuite
Qui se mettent à hurler à l’approche du port
Pour alarmer tous ceux qui sont restés à bord !
Brusquement alertés, tous les marins s’activent,
Levant l’ancre pour que leurs nefs quittent la rive,
Mais voyant que leurs proies risquaient de s’échapper,
Les cruels Lestrygons se mettent à lancer
Des hauteurs dominant cette baie toute entière,
Une avalanche d’énormes quartiers de pierre,
Qui, projetés par tous ces êtres colossaux,
Vient écraser plus bas équipages et bateaux !
On ne peut concevoir de catastrophe pire,
Car les rocs ont broyé jusqu’à onze navires !!
Onze vaisseaux qui sont complètement criblés,
Et, en quelques instants, disparaissent, coulés !
Ancrée un peu plus loin, la galère d’Ulysse,
Protégée des rochers tombant du précipice
Par un pli de terrain du versant escarpé,
Au jeu de massacre parvient à échapper.
Sans pouvoir secourir leurs pauvres camarades,
L’équipage d’Ulysse en hâte quitte la rade.
En silence, abattus, et voguant le cœur lourd,
Ils reprennent, accablés, le chemin du retour.
à suivre