Un jour un sage auprès d’une petite source

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Un jour un sage auprès d’une petite source,
Paisible, méditait parmi les chants d’oiseaux
En contemplant du flot la cristalline course
A travers les cailloux, la mousse et les roseaux.

Un air frais, le parfum de quelques fleurs sauvages,
Le jeu des libellules avec les papillons
De ce petit royaume agrémentaient l’ombrage
Que le soleil perçait d’éblouissants rayons.

Tout un monde vivait autour de cette eau pure
Qui s’écoulait limpide en son moelleux berceau
Fredonnant sa chanson et son petit murmure
Mêlait sa mélodie aux chants des passereaux.

La source révélait, en son propre langage,
Qui semblait d’un bébé le doux balbutiement,
Un fabuleux secret à l’oreille du sage
Qui l’écoutait, pensif, plein d’émerveillement.

« Par son jaillissement continu hors de terre,
Mon eau claire maintient toujours sa pureté
Organisant la vie, insondable mystère,
Qui le long de ses bords fleurit dans la beauté.

Il apparaît partout aux berges où mon eau passe
Des plantes et des arbres et puis des animaux,
Chacun vit grâce à l’eau, chacun trouve sa place,
L’homme bâtit ses villes aux rives de mes flots.

La vie s’épanouit tant que l’eau pure coule,
Mais si jamais un jour elle vient à tarir,
De même qu’un empire avec le temps s’écroule,
Plus rien ne restera ; tout va s’évanouir.

Voici donc ce secret de la Mère Nature :
La source de ton cœur devra couler toujours
N’arrête en aucun cas ce courant d’onde pure ;
Vers l’univers entier, envoie tout ton amour !

Que ni les vexations, les douleurs ni la haine
Ne viennent assécher cette eau vive qui sourd
De l’âme profonde. Bientôt chagrins et peines
Seront emportés par son impérieux cours. »

Et l’homme en admirant sa pure transparence
Lui dit « Ô source, toi, modeste filet d’eau,
Comment sais-tu cela ; d’où tiens-tu cette science
De la vie qui paraît descendre de très haut ? »

« Elle vient du soleil ; c’est lui la source immense
Depuis la nuit des temps déversant sans compter
Pour tous, chaleur, lumière et vie en abondance !
C’est le grand modèle qu’il nous faut imiter. »

Sur cette analogie étonnante, le sage,
Perdu dans ses pensées, médita un instant
Puis, vers l’astre doré élevant son visage,
D’un œil nouveau perçut son disque éblouissant.

« Ô source éternelle d’où coule toute vie,
Dit-il à la brillante étoile de nos cieux,
Mon esprit s’illumine et mon âme est ravie !
Ô toi qui distribues nos biens les plus précieux,

Régis notre univers et fais danser les mondes,
Les planètes et les lunes en un ordre serein ;
Toi qui trônes au sommet de la voûte profonde,
Es-tu de l’univers le plus haut souverain ? »

Des reflets scintillants qui dansaient sur les ondes
Jetant partout des feux plus vifs qu’un diamant
Fusa un rayon d’or et, en une seconde,
Une réponse ailée lui vint du firmament.

« Je ne suis moi aussi qu’une faible étincelle
Perdue dans des milliards d’étoiles à l’infini,
Flamme bien modeste rapportée à l’échelle
Du grand Être éternel qui jamais ne finit.

Chaque étoile en son lieu ou petite ou géante
Chaque jour maintient les mondes qu’elle a créés.
De tout ce que l’on voit, l’étoile représente
La plus haute image de cet Être incréé.

Son amour soutient tout, nébuleuses et abîmes,
Son esprit pénétrant sa vaste création
Jaillit à tout instant. Il est la Source ultime,
Il est Dieu, dépassant toute compréhension. »

Le frais ruisseau et les oiseaux chantaient. Le sage,
Plongeant en extase son regard vers les cieux,
Méditait en pensée son immense voyage
De la source à l’étoile et de l’étoile à Dieu.

Arnaud Jonquet novembre 2016