Avarice

Chaque vice de l’homme est un égarement.
De même que l’orgueil, la colère ou l’envie,
L’avarice parfois confine à la folie ;
La fable ci-après l’illustre amplement.
Dans un champ isolé, par prudence, un avare,
Enfouit secrètement une cassette d’or.
Mais un voisin caché, l’apercevant alors,
A son départ approche et du magot s’empare.
Le lendemain matin, l’avare au champ revient
Pour faire de son bien un contrôle rapide.
Mais de cassette point car la cache était vide !
Ô douleur ! Trahison ! Imaginez combien
De pleurs et de hauts cris furent poussés par l’homme !
« Qu’avez-vous donc perdu, lui demande un passant,
Qui vous chagrine ainsi et vous désole autant ? »,
« Ce qui m’était plus cher que ma vie, ou tout comme,
Un coffret plein d’or que je cachais dans ce trou…
Je l’avais enterré tout près de cette pierre. »
« Ma foi, je compatis, répondit le compère,
Et comprends maintenant votre juste courroux.
Mais n’eut-il pas été plus sûr et plus facile
De le garder chez vous ? Au lieu d’aller si loin,
Vous pouviez retirer autant que de besoin
A toute heure votre or en votre domicile ? »
« Quoi ! Retirer de l’or !?, répliqua le grigou,
Vous voudriez que moi-même je m’assassine !?
Ah, ça, l’ami, vraiment, vous voulez donc ma ruine !
Je n’en retirais rien, je n’étais pas si fou !
Personne ne devait toucher à ma cassette;
Je me méfiais de tous et même un peu de moi;
Je ne dormais qu’à peine et voilà donc pourquoi
J’ai creusé dans le sol une telle cachette. »
L’autre lui dit alors « Je comprends mais pourtant
Pourquoi vous affliger ? Dissipez vos angoisses ;
Si vous n’y touchiez point, mettez donc à sa place
Une pierre ; elle vous servira tout autant !!! »

              Octobre 2024