L’Odyssée 13/20 La nymphe Calypso
Pendant presque neufs jours, accroché à l’épave,
Le naufragé survit sans voir aucun rivage.
Alors qu’il se sentait tout proche de la mort,
Apercevant la terre, en un ultime effort,
Il lâcha le mat puis, en une courte nage,
Rejoignit la rive et s’effondra sur la plage.
A quelques pas de là, sur un tertre plus haut,
Dominant ce rivage où se brisaient les flots,
Se tenait près d’un feu aux odorantes flammes
Une jeune, charmante et ravissante femme
Qui tissait une toile au moyen d’un fuseau.
Cette avenante Nymphe, appelée Calypso,
Était fille d’Atlas. Cette aimable déesse,
Tout en filant, chantait des airs pleins d’allégresse
Mêlant leur harmonie aux doux chants des oiseaux.
Quand elle vit cet homme, épuisé, hors de l’eau,
Vite, elle donna l’ordre à ses quelques servantes
De lui porter secours de façon diligente,
De l’aider à marcher et de lui apporter
De quoi mieux se vêtir et bien se restaurer.
Puis, près d’elle, à l’endroit qui dominait la côte,
Près du feu ravivé, elle installa son hôte
Et, ayant attendu qu’il soit réconforté,
Lui demanda de bien vouloir lui raconter
Les évènements qui conduisirent au naufrage.
Ulysse, en narrant, contemplait son visage
Ravissant, ses yeux clairs et ses très longs cheveux,
Ses gestes et son parler quelque peu langoureux
Et son maintien altier, tout empreint de noblesse.
Il ne se lassait point d ‘admirer la déesse
Apparaissant dans tout l’éclat de sa beauté
Et la fille d’Atlas, était de son côté,
Charmée par ce héros à la noble figure
Lui contant ses exploits et ses folles aventures.
Elle sentit en son cœur un sentiment très doux
Qui lui fit désirer Ulysse comme époux.
Celui-ci demeura en repos sur cette île,
Quelque peu charmé par cette naissante idylle
Et la Nymphe, sentant s’accroître cet amour,
Conçut un grand projet pour le garder toujours :
Le rendre immortel. Elle promit à Ulysse
Une vie éternelle et emplie de délices.
Le roi grec tout d’abord fut charmé mais pourtant
Il ne renonçait pas à ceux qu’il aimait tant
Sa femme Pénélope et son fils Télémaque
Qui toujours l’attendaient dans leur île d’Ithaque.
Sans marins ni galère il était impuissant
A reprendre la mer et ses flots rugissants
Et, près de Calypso dans l’île d’Ogygie,
Il sentait naître en lui beaucoup de nostalgie.
Pendant de longs moments, en regardant les flots,
Il songeait et souvent éclatait en sanglots.
La déesse Athéna fut prise de pitié
De voir Ulysse ainsi maintenu prisonnier
Et elle fit à Zeus une instante demande
Afin qu’à la nymphe Calypso il commande
De libérer enfin ce splendide héros.
Zeus envoya Hermès qui était le héraut
Des dieux de l’Olympe. Celui-ci sur la terre
Vint alors visiter cette nymphe insulaire
Pour lui transmettre l’ordre du maitre des Dieux.
Calypso obéit, des larmes plein les yeux,
Et fournit une hache à son glorieux héros
Afin qu’il commence à fabriquer un radeau.
Ulysse découvrit de beaux arbres dans l’île
Qu’il abattit et puis, en constructeur habile,
Il assembla des poutres et monta un gréement.
La belle Calypso, malgré son vif tourment
De le voir la quitter fut tendre et amicale
Lui donnant des tissus pour fabriquer sa voile.
Lorsque l’esquif fut prêt à être mis à l’eau,
Elle fit apporter sur le léger radeau
De quoi boire et manger pendant la traversée.
Calypso embrassa l’homme de ses pensées
Qui, joyeux, saluait la nymphe en la quittant,
Muse auprès de laquelle il vécut sept printemps.
à suivre