Troie sentant clairement la ferme volonté
D’Athéna lors recueille en sa vaste cité
La statue que les Grecs lui avaient consacrée.
De cordes et de chaînes l’ayant enserrée,
Et de multiples liens à ses membres attachés
Avec des roues placées sous son vaste plancher,
Comme pour mettre à l’eau un immense navire,
De toutes ses forces le peuple pousse et tire
Entreprenant au prix d’un effort colossal,
Sur la pente de faire avancer le cheval.
Comme un vaisseau en mer, la grande statue grince
Et, malgré moult obstacles dans lesquels il se coince,
Le convoi, peu à peu, finit par progresser
Jusqu’à l’entrée d’Ilion où il est avancé.
Et là encor il faut par une large entaille
Au-dessus des portes réduire la muraille
Élevant la hauteur du seuil et, comme il sied,
Permettre le passage de l’énorme coursier.
Et malgré les hauts cris de sa fille Cassandre,
Priam et les Troyens ne voulant rien entendre,
Firent entrer le cheval signifiant sans erreur
Qu’au terme de la guerre, les Troyens sont vainqueurs !
Dans Ilion libérée, il flotte un air de fête ;
Pour célébrer enfin du camp grec la défaite,
Offrant des sacrifices à chaque autel des dieux,
Tous les Troyens meurtris redeviennent joyeux.
Des chœurs de jeunes filles entourent le trophée
Dansant et entonnant des chants dignes d’Orphée,
Des femmes accompagnant le convoi nonchalant
De guirlandes de fleurs parent ses larges flancs
Et les guerriers, enfin délivrés des batailles,
Pour se joindre au peuple désertent les murailles.
Une liesse effrénée tout le jour se poursuit
Assortie d’agapes jusque tard dans la nuit.
(à suivre)