La stèle

L’histoire suivante, véridique en tous points,
Advint dans la cité d’un grand pays voisin.
La ville déplorait le décès d’un notable,
Un bourgeois possédant un avoir confortable
Laissant derrière lui sa veuve sans enfant.
Celle-ci fit graver des mots très émouvants
Sur la pierre tombale, un long panégyrique
Citant par le menu les vertus magnifiques
Du regretté mari. Après l’enterrement,
Dans les fleurs et les pleurs ponctués de serments,
Il fallu à regret s’occuper des affaires
D’ici-bas et d’abord aller chez le notaire.
Là, la veuve éplorée, tout en gémissements,
Écouta la lecture d’un court testament.
Elle y apprit ainsi, à sa grande surprise,
Qu’elle n’héritait pas de la fortune promise
Mais hélas d’une très maigre somme d’argent,
Le cher époux laissant un bilan affligeant.
Depuis bien des années, il avait, en cachette,
En bonne compagnie dépensé la galette
En sorties, en banquets, courant le guilledou,
Bref en brûlant la chandelle par les deux bouts.
Lorsqu’elle eut appris toute l’histoire, la veuve,
Commanda au marbrier une stèle neuve
Pour remplacer celle qui fut faite plus tôt.
Sur ce nouveau marbre placé sur le tombeau,
On pouvait lire une seule phrase gravée :
« Repose bien en paix… jusqu’à mon arrivée !!! »

Arnaud Jonquet  août 2017

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