L’épopée de Marathon

Greek-Hoplites

Contre toute la Grèce,
Ses villes et ses cantons,
L’immense armée des Perses,
Sortant en pelotons,
Des bateaux se déverse
Et ces lances adverses
Forment une grande herse
Marchant sur Marathon.

L’infanterie d’Athènes
Et ses faibles alliés
Ont déserté la plaine
Craignant leurs cavaliers
Et les soldats hellènes,
Que stimule la haine,
Sur les crêtes prochaines
Se sont tous repliés.

Là, dominant la rade
D’une bonne hauteur,
Le stratège Miltiade,
Rusé calculateur,
En voyant ces myriades
D’hommes et ces cavalcades,
Méditait l’embuscade
Qui le rendrait vainqueur.

Mais les Perses s’approchent
De ces monts protecteurs,
Escaladant les roches
D’un pas dominateur.
Leurs archers sont tous proches
Et les flèches qu’ils décochent
Ricochent ou bien écorchent
Quelques uns des guetteurs.

La ligne grecque cède,
Se replie sous l’assaut ;
Les Perses et les Mèdes
S’enhardissent plus haut.
La ruse hellène berne
Les soldats d’Artapherne
Que l’armée grecque cerne
Et prend dans un lasso.

Des deux côtés sans faille,
Chaque aile se rabat,
Les deux flancs grecs assaillent
L’ennemi qui se bat
Et d’estoc et de taille.
Mais, pris dans la tenaille,
L’armée perse défaille
En ce rude combat.

L’on croirait une joute
De furieux gladiateurs ;
Tous les Grecs s’arc-boutent
Contre l’envahisseur
Et lui barrent la route.
L’épouvante s’ajoute ;
Bien vite la déroute
Survient avec horreur !

Les farouches hoplites
Que leur cuirasse étreint
Sont des troupes d’élite
Que chaque ennemi craint
Voyant leurs lances acerbes,
Et leur cimier superbe
Ornant comme une gerbe
Leurs hauts casques d’airain.

Lorsque après la mêlée
On dénombre les morts,
La plaine est accablée
Et fumante de corps.
Une armée massacrée
Gît, macabre marée,
Sur toute la contrée
De la montagne au port.

L’armée perse en détresse
Put dénombrer enfin
Tous les morts qu’elle laisse :
Six mille quatre cent vingt !
Merci pour la prouesse
Athèna, ô déesse,
On compta pour la Grèce
Moins de deux cents défunts !

Ainsi cette épopée
Dont nous parlons encor
Par le poids de l’épée
Fit basculer le sort ;
D’une lutte enragée,
La patrie fut vengée
Et sur la mer Egée
Le Grec fut le plus fort.

Mais devant l’importance
Du dénouement heureux
On envoie en urgence
Un homme valeureux.
Abandonnant sa lance,
Un coureur d’excellence
En messager s’élance
Sur le chemin pierreux.

Vers la ville d’Athènes
Il se met à courir ;
Un noble instinct le mène
Lui faisant parcourir
Et les monts et les plaines
Et jamais rien ne freine
Sa foulée qui l’entraîne
Et le pousse à bondir.

Quarante kilomètres
Séparent environ
En distance terrestre
Athènes et Marathon.
Alors il envoie paître
Son casque et ses guêtres
Et tout ce qui l’empêtre
Dans sa course de fond.

Maintenant la cadence,
Le soldat court toujours,
Et malgré la souffrance,
A ses maux reste sourd ;
Il couvre la distance
Rempli par l’espérance ;
De toute sa vaillance,
Il court, il court, il court…

Sa tête comme saoule
Est striée de lueurs ;
Dans sa poitrine roule
Une atroce douleur ;
Sans réfléchir il foule
La voie qui se déroule,
Et des ruisseaux s’écoulent
De son corps en sueur.

Dans Athènes il débouche
Au milieu des clameurs
Un mot sort de sa bouche :
« Nous sommes les vainqueurs ! »
Puis, sentant que, farouches,
Ses forces à leur fin touchent,
Il s’effondre, se couche
Et d’épuisement meurt.

Ô récits homériques
De ces glorieux exploits
Que les héros antiques
Accomplirent autrefois
Vous savez nous instruire ;
Vos vertus qu’on admire
Nous touchent et nous inspirent
Le dépassement de soi !

    Arnaud Jonquet  novembre 2006

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