4. Le sanglier d’Erymanthe
A peine de retour chargé de son gibier
Hercule a pour mission de capturer vivante
Une bête énorme, monstrueux sanglier,
Ravageant le pays près du mont Erymanthe.
Le peuple d’Arcadie3 dont les champs florissants
Se trouvent dévastés par le fauve terrible
Suppliaient Eurysthée, le monarque puissant,
D’ être enfin délivrés de ce fauve nuisible.
Ainsi donc sans repos et dès le lendemain,
Armé de sa massue, de son arc et ses flèches,
Le héros de nouveau doit se mettre en chemin
Et du suidé cherche une piste encor fraîche.
Fouillant tous les fourrés pouvant être un abri,
Battant tous les taillis de la colline aride,
Enfin il débusque le sanglier surpris
Qui hors de sa bauge, d’une course rapide,
S’enfuie éperdument à travers les coteaux.
Hercule alors dans une impitoyable chasse
Buvant tout obstacle sur terre et dans les eaux
Sans trêve le poursuit jusqu’à ce qu’il se lasse
Sans même lui laisser le plus petit répit.
Hors de souffle, au creux d’une gorge sans issue,
L’animal épuisé pour finir se tapit
Et le héros, d’un coup de sa lourde massue,
L’assomme et le charge, tous ses membres liés,
Puis le porte au palais sur sa robuste épaule.
L’animal présenté ici, le sanglier,
Du signe du Bélier zodiacal tient le rôle ;
Il s’agit pour le disciple de maîtriser
De la planète Mars la force brutale.
Dans un autre récit, Mars va utiliser
Pour une vengeance cette forme animale.
Vénus, la déesse dont il était l’amant,
S’éprend d’Adonis. A cela Mars s’oppose
Et contre son rival fomente un châtiment.
Or, c’est en sanglier qu’il se métamorphose
Puis, chargeant Adonis, l’atteint mortellement
Au cours d’une chasse…Mais vraiment l’on s’égare
Laissons donc de côté Vénus et ses amants
Car ceci est bien sûr une toute autre histoire…
3 Région centrale du Péloponèse.
5. Les oiseaux du lac Stymphale
Au palais d’Eurysthée, Hercule, de retour,
Dépose aux pieds du roi la bête formidable.
Mais ce lâche prince, le redoutant toujours,
Donne à notre héros, champion infatigable,
Tout en dissimulant sa grande admiration,
Afin de l’éloigner de sa ville et son trône,
Un nouvel ordre pour sa cinquième mission.
L’objectif en était d’exterminer la faune
Qui vivait au milieu d’un étrange marais
Dans une inextricable jungle végétale,
Un palude insalubre s’étendant auprès
Des eaux noires et lugubres du grand lac Stymphale.
Or ce marécage se trouvait infesté
Par d’immenses oiseaux qui, depuis leur asile,
Attaquaient bêtes et hommes avec cruauté.
Il faut dire que ces monstrueux volatiles
Faisaient leur pâture de la chair des humains,
Armés par le dieu Mars de redoutables serres,
D’un long bec acéré et d’ailes en airain
Qui servaient leur instinct féroce et sanguinaire.
Posté en haut du mont surplombant le marais
Afin de débusquer ces bêtes infernales,
Hercule, tenant prêts son grand arc et ses traits,
Par un assourdissant claquement de cymbales,
Fait s’envoler d’un coup la compagnie d’oiseaux
Brusquement apeurés par l’intense vacarme.
Ils tournent dans les cieux formant de noirs réseaux
Au-dessus de l’archer les visant de son arme.
Un déluge de traits ouvre en quelques moments
Dans la nuée d’oiseaux une très large brèche
Découvrant le ciel bleu. Il en tue tellement
Qu’Hercule brusquement se trouve à court de flèches.
Beaucoup d’oiseaux planent encor en tournoyant
Et, afin d’achever ces volatiles immondes,
Le héros abandonne son arc foudroyant
Et finit le massacre au moyen de sa fronde.
L’image d’Hercule à travers ce récit
Décochant des flèches là-haut vers la lumière
Évoque assurément un signe bien précis
Du zodiaque portant le nom du Sagittaire.
Tirant ses traits selon un axe vertical,
L’archer spirituel, visant un but suprême,
Cherche à se dépasser par un haut idéal
Impliquant une ascèse, un travail sur lui-même.