En quittant sans regret cette hostile région,
La flotte se remit à la navigation
Et, après quelques jours de traversée facile,
Elle aborda bientôt dans une nouvelle île
Où Ulysse et ses gens furent en arrivant
Accueillis au palais d’Éole, Dieu des vents.
Chez cet hôte divin, pendant un mois, Ulysse,
Goûta à une vie toute emplie de délices
Et pendant que la flotte était mise au repos,
Éole apprécia les récits du héros.
Le jour où il fallut reprendre le voyage,
Avec Ulysse, Éole alla jusqu’au mouillage
Et pour bien assurer aux Grecs un bon retour,
Leur laissa une outre qu’il attacha autour
Du grand mât. Lorsqu’elle fut arrimée à la poutre,
Il confia au prince qu’à l’intérieur de l’outre,
Il avait enfermé les vents les plus mauvais :
Et donc seul, le Zéphyr, vent propice, pouvait
Gonfler paisiblement des galères les voiles,
Leur procurant ainsi une mer idéale.
Puis, ayant pris congé, Ulysse de nouveau
Avec ses compagnons repartit sur les flots.
Pendant plus de neuf jours, attelé à sa tâche,
Ulysse, obstiné, gouverna sans relâche
Après quoi, se sentant fatigué, le héros,
Voulut bien accepter de prendre du repos.
Mais pendant qu’il dormait ses hommes d’équipage,
S’interrogeant sur la nature du breuvage
Contenu par l’outre ou bien se demandant
Quel fabuleux trésor était caché dedans,
Défirent tous les nœuds tenant serrée la corde.
Les tempêtes et les vents mauvais, comme une horde,
S’échappèrent de l’outre en un souffle rageur !
La mer se souleva et les flots en fureur,
Orages, ouragans, cyclones et rafales,
Dont la puissance inouïe risquait d’être fatale,
Loin hors de leur route rejetèrent les nefs
Éloignant à nouveau Ulysse de son fief.
Toutes voiles abattues, manœuvrant à la rame,
Tous les ponts constamment balayés par les lames,
Sous les déluges d’eau que déversaient les cieux,
La flotte fut le jouet de tous les vents furieux !
à suivre