Et brusquement le monde entier s’est arrêté !
Ce monde qui filait ainsi qu’un vrai bolide,
Soudain et d’un seul coup, se retrouve stoppé !
Il fonçait vers sa perte et quelques-uns, lucides,
Cherchaient fébrilement sur quel sacré bouton
Il fallait appuyer pour un « Arrêt d’urgence » !
Et voilà que soudain tout cesse et s’interrompt ;
La machine s’arrête à cause de la présence
D’un petit parasite invisible à l’œil nu !
Minuscule bête, moins grosse qu’un bacille,
De l’homme un ennemi jusque là inconnu…
A cause d’un virus nous voilà immobiles !
Les villes sont désertes ; on n’entend plus de bruit
« Ô temps suspend ton vol ! » nous disait le poète…
D’un grand silence enfin nous goûtons les doux fruits
Ainsi qu’un air plus pur quand les moteurs s’arrêtent.
Nous avons lâché tout ce qui était en train
Occupations, travail, école et vie sociale ;
A ne plus rien faire nous voilà donc contraints
Et nous menons vraiment une vie peu banale.
Mais la question posée est celle de l’ « Après » !
Quand recommencera la vie pour tout le monde,
Lorsque les hommes enfin ne seront plus cloîtrés
Et qu’ils auront vaincu la créature immonde.
Peut-être que l’« après » sera mieux que l’« avant »
Quand nous souvenant de ce temps de quarantaine,
Où nous ne faisions rien sinon goûter le temps,
Nous déciderons qu’au moins un jour par semaine
Nous nous arrêterons vraiment de travailler.
Nous irons promener dans les fleurs, sous les branches,
Et donnant à ce jour un nom approprié,
Nous le baptiserons la journée du dimanche.
Peut-être que l’« après » sera mieux que l’« avant »
Lorsque tous ceux qui sous le même toit demeurent
Parleront, joueront, goûtant intensément
La joie d’être ensemble. La vie sera meilleure
Quand on prendra le temps de s’occuper des uns
Et des autres. Parents, enfants, garçons et filles ;
On téléphonera aux aïeux, aux cousins…
Et cela recevra le beau nom de famille.
Peut-être que l’« après » sera mieux que l’« avant »
Quand nous apprécierons vraiment le temps qui passe
Quand nous ne trouverons plus aussi énervant
Ce temps long qui s’égraine et même se prélasse
Comme le temps que prend un arbre pour pousser.
Lorsque nous comprendrons qu’il est une richesse,
Un don à recevoir, un cadeau à goûter,
Nous pourrons retrouver la voie de la sagesse.
Peut-être que l’« après » sera mieux que l’« avant »
Quand nous saurons trier désir et convoitise
Ou caprice et besoin entre lesquels souvent
Tout marchand entretient une fourbe méprise.
Lorsque nous saurons que tout ne peut s’acheter
Et surtout les valeurs qui nous sont essentielles
La vie, l’amour, la joie, l’amitié, la beauté,
Pour nos âmes autant de sources spirituelles,
Les seules qui nous offrent l’émerveillement
Faisant jour après jour se déployer nos ailes
Et nous appellerons cela discernement.
Peut-être que l’« après » sera mieux que l’« avant »
Si encore demain nous nous montrons capables
D’acclamer chaque jour bien fort non seulement
Ce monde médical tellement formidable
Mais aussi les pompiers, boulangers et postiers,
Conducteurs d’autobus, éboueurs et j’en passe,
En un mot tous ceux qui, en tous corps de métiers,
Au service de tous se dévouent, se dépassent
Auprès de leur prochain avec sollicitude
Et qui provoquent en nous ce sentiment vivace
Auquel nous donnerons le nom de gratitude.
Peut-être que l’« après » sera mieux que l’« avant »
Quand nous nous souviendrons dans les journées futures
Comment ce virus s’est transmis rapidement
Quelque soit la couleur de peau ou la culture,
L’ethnie, le revenu ou bien la religion.
Car nous appartenons tous à la race humaine.
De même que le pire, tout autant nous pouvons
Partager le meilleur et former une chaîne
En un monde nouveau désormais transformé ;
Des humains qui enfin et s’aiment et se comprennent
Et nous appellerons cela l’humanité.
Peut-être que l’« après » sera mieux que l’« avant »
Lorsqu’à tout cela nous ajouterons encore
Cette chaleur du cœur, ce sentiment fervent
Que nos vies insensées jusqu’à présent ignorent
Retrouvés dans la joie lors du confinement.
Grand élan vers l’entraide, contacts, appels, partages,
Liens noués avec tous, qu’ils soient proches ou lointains;
Lorsque sera tournée cette mauvaise page,
L’homme fera un pas vers son noble destin :
Commencer à bâtir une époque nouvelle
D’entente et de respect, de solidarité,
Et sur terre amener la paix universelle
Alors viendra le temps de la fraternité.
Arnaud Jonquet avril 2020
Inspiré d’un texte de Pierre Alain Lejeune, prêtre à Bordeaux
Quel beau poème-testament pour la période actuelle… en espérant que beaucoup d’autres redécouvriront ces valeurs « surannées » de solidarité, fraternité, humanité … et de vrai dimanche !