Mortels, nous savons bien qu’hélas, sur notre terre,
Le bonheur et les joies passent vite, éphémères.
Pour un temps le ciel s’ouvre et, joyeux, nous rions
Sous la caresse chaude et claire d’un rayon ;
Tout semble coloré, la terre toute entière
Renaît dans le printemps quand jaillit la lumière.
La nature est aimable et le monde gracieux
L’espoir prend son essor tel l’oiseau vers les cieux.
Mais rien ici ne dure et bientôt son voyage
Sera interrompu par de sombres nuages.
Un brusque coup du sort, un échec, un revers,
Et voilà le printemps transformé en hiver,
Les cieux qui furent bleus recouverts par une ombre,
Nos projets les plus chers devenus des décombres ;
De notre bel espoir il ne reste plus rien.
Puis un peu de temps passe et le printemps revient.
Comme la colombe de Noé, patriarche,
Revenue, blanc symbole, en volant à son arche,
Et tenant dans son bec un rameau d’olivier,
L’espoir, le doux espoir par notre cœur convié,
A reparu porteur de nouvelles promesses
Et l’on vit de nouveau pour un temps dans la liesse.
Car l’on trouve que seul le bonheur est normal,
Nous recherchons le bien et nous fuyons le mal
D’instinct, tels des oiseaux migrateurs sans boussole
Qui, redoutant l’hiver, pour le midi s’envolent.
Pour un temps l’on est bien et l’on ne souffre pas
Puis notre destinée fait un nouveau faux-pas.
Nous avions un amour et le voilà parti,
Disparu, nous laissant le cœur anéanti ;
Ou un trésor auquel on tient plus que nous-même,
Un ange de l’azur, qu’on chérit et qu’on aime
Un enfant, don du ciel, que nous avons servi,
Nourri et protégé, que le sort a ravi…
Vous qui aimez, sachez, amants, pères et mères,
Le destin peut frapper ainsi que le tonnerre
Brusquement, d’un seul coup monstrueux et brutal,
Fracassant le bonheur, bibelot de cristal.
Adieu sérénité quand revient la souffrance !
Ainsi va notre vie, soumise à l’alternance
Du jour et de la nuit, du cycle des saisons,
Du soleil jouant sur la ligne d’horizon.
Ce sort ne convient pas à notre âme immortelle
Qui voudrait pour toujours en glissant sur ses ailes
Dans l’espace azuré planer à l’infini
Sans jamais se poser ni revenir au nid.
Il nous faut la nourrir d’une manne éternelle,
D’un amour sans mesure, absolument fidèle,
Rayonnant sans faillir, même pour un instant,
Sur lequel n’ont prise ni la mort ni le temps.
Ne nous limitons pas aux choses éphémères
Que notre amour grandisse et dépasse la terre,
Englobant la nature et ses êtres vivants,
Nos frères, nos parents d’un sentiment fervent,
Qu’il s’élargisse encore et croisse davantage
Laissons l’amour monter au-dessus des nuages,
Encor plus haut jusqu’à cet astre de vermeil,
Le cœur de toute vie, le merveilleux soleil !
Notre âme, en revenant vers la cause première,
A la source boira la vivante lumière
Qui là-haut jamais plus ne tarit ni ne fuit.
Là, il n’y aura plus ni d’ombre ni de nuit,
Ni de nuée cachant l’astre d’or sous ses voiles,
Ni d’hiver, ni de froid. Auprès de notre étoile,
Elle goûtera enfin aux mondes illimités,
Ouverts sur l’infini et sur l’éternité.
Marchons donc, mes amis, sur notre terre mère,
Creusons le long sillon de la vie ordinaire
Mais laissons notre amour monter comme l’oiseau
Par delà les montagnes et au-dessus des eaux,
Planer à l’infini dans les espaces immenses,
Se nourrir chaque jour de la lumière intense,
La vie pure émanée par ce soleil radieux,
Nos pieds sur le sol mais notre âme dans les cieux.
Arnaud Jonquet novembre 2009