Poète, que tes vers nous parlent du sublime !
La poésie n’est pas qu’un vêtement de rimes
Habillant la pensée que tu veux partager.
Car l’esprit nous importe bien plus que la lettre
Et il ne convient pas assurément de mettre
L’hermine du roi sur un vulgaire sujet.
N’en déplaise d’ailleurs aux artistes modernes
Dont bien des œuvres « d’art » trop souvent nous consternent,
Égarés dans leur quête de la nouveauté.
Vous, divines muses, Poésie et Musique,
Peinture et Sculpture, entités angéliques,
Ne pouvez vivre qu’au royaume de beauté.
Mais qu’est-ce que la beauté, me direz-vous peut-être ?
C’est comme un pur rayon qui d’un coup nous pénètre
Et vient en un instant nous exalter le cœur.
L’œuvre d’art ouvre en nous des portes éternelles,
D’un magnifique élan nous lève de son aile
Rejoindre l’infini des mondes supérieurs.
Bannissons rhétorique, éloquence et satire,
Chassons donc le pamphlet et tous ces mauvais rires ;
Et, de grâce, taisons les aveux impuissants
Et les tristes faiblesses des âmes humaines,
Tout le feu dévorant de leurs passions malsaines,
Le sombre désespoir et le spleen languissant.
Que ton poème soit cette brise légère
Apportant du printemps les parfums éphémères,
Ou ce que l’aquilon raconte à l’océan
Quand l’écume des vagues vole sur les crêtes,
Lorsque le vent et l’eau se livrent en tempête,
Sous un ciel orageux, un combat de géants.
Ou, quand sur l’horizon le soleil vient d’éclore,
Le tout premier rayon qui jaillit à l’aurore
Pure source de vie qui fuse des confins ;
Que ton inspiration un instant nous dévoile
Au-delà des éthers, l’inaccessible étoile,
Les louanges que chantent à Dieu les Séraphins.
Que tes poèmes enfin à tes lecteurs procurent,
Comme s’ils s’abreuvaient d’une onde toujours pure,
La subtile impression et le trouble enivrant
De boire à la source de l’éternelle vie,
D’ étancher pour un temps leur soif inassouvie
D’ infini, d’absolu, de beau, de vrai, de grand.
Que tes vers, ô Poète, ennoblissent notre âme,
Et que pour l’Idéal leur ardeur nous enflamme !
Se peut-il concevoir plus noble testament ?
Et, lorsque ton lecteur aura fermé ton livre,
Qu’il ait plus que jamais le désir de mieux vivre
Les pieds sur terre mais la tête au firmament.
Arnaud Jonquet avril 2004
Merci Arnaud pour tous ces poèmes inspirés !