Et si chaque matin nous faisions une pause
Pour nous mettre à l’abri de ce flot incessant
Avec lequel la vie moderne nous arrose
De nouvelles et de faits plus ou moins angoissants ?
Faire taire un moment cette cacophonie
Qu’on écoute pourtant et trop souvent parfois,
Sans relâche imposant telle une tyrannie
Ce vacarme grinçant de discordantes voix.
A constamment scruter le spectacle du monde,
Paroles et gestes humains bien souvent insensés,
On perd tout lien avec sa nature profonde,
Ce for intérieur qui est toujours délaissé.
Ainsi que l’eau du lac lorsqu’elle est immobile
Reflète la montagne et tout l’azur des cieux,
Notre conscience peut si nous restons tranquille
Parfois nous révéler des secrets mystérieux.
Mais si une pluie drue impacte sa surface
De gouttes par milliers qui tombent en frappant l’eau,
Le lac soudain frémit et du miroir efface
Les subtiles visions que reflétaient les flots.
Pour un moment précieux, retire-toi du monde,
De cette agitation qui toujours nous poursuit
Échappe pour un temps à cette folle ronde
En un lieu isolé préservé de tout bruit.
Laisse en toi-même aussi s’établir le silence,
Se créer une sorte de vide intérieur
Pour offrir à ton âme assoiffée et immense
L’épanouissement de toute son ampleur.
Ne t’accroche surtout à aucune pensée
Regarde les passer avec détachement
Laisse-les s’éloigner comme au ciel la nuée
Qui, indolente, vole entraînée par le vent.
Fais qu’aucun sentiment encore ne t’émeuve
Et laisse-les couler d’un cœur indifférent,
Glisser rapidement comme le cours d’un fleuve
Dont l’eau turbulente est poussée par le courant.
Reste juste attentif à la légère houle
Du flux et du reflux de l’air dans tes poumons,
Vagues que l’océan éternellement roule
A ses bords quand souffle la brise ou l’aquilon.
En répétant ceci, tu procures à ton âme,
Ce moi profond subtil, vaste et mystérieux,
L‘expansion infinie que toujours il réclame
Et qui permet parfois d’aller toucher les cieux !
Arnaud Jonquet février 2019
Apprendre à entendre la voix du silence, c’est à dire la voix de Dieu…