Promenade

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Quelle joie de sentir se glisser à la hâte
Dans mes doigts tout à coup une main délicate,
Petite main d’enfant au gracieux modelé,
A la chair souple et tendre, au poignet potelé !

C’est Muriel m’invitant à une promenade ;
Au sein de la nature elle aime qu’on s’évade
Afin de découvrir les trésors des jardins
Dans la douceur du soir ou dans le frais matin.

Dans le bois ou le pré, allant à l’aventure,
Sous les arbres formant des voûtes de verdure,
Sur les petits sentiers qui longent les halliers,
Nous retrouvons souvent nos chemins familiers.

Sur la bruissante allée des lavandes violettes
Bourdonnent les abeilles affairées qui volettent ;
Elles vont de fleur en fleur en joyeux tourbillon
Et dansent un ballet avec les papillons.

A travers le sous-bois qui filtre la lumière,
A l’orée des paisibles et magiques clairières,
Sans bruit nous approchons à pas feutrés et l’œil
Aux aguets dans l’espoir de voir des écureuils.

De la nature on veut être un peu les complices,
Ecartant les rameaux, doucement l’on se glisse,
Oh ! Voilà que soudain file non loin de nous
Une fine silhouette et son panache roux.

Muriel dans le jardin découvre toutes choses :
Elle hume le parfum des lauriers et des roses,
Remarque un scarabée, des oiseaux dans le ciel,
Regarde les abeilles butiner pour leur miel,

Admire les fruits mûrs et leur couleur vermeille ;
Elle s’intéresse à tout et de tout s’émerveille.
Quelle joie de sentir en cet enfant gracieux
Une âme si pure fraîche éclose des cieux !

Il existe entre nous une attache profonde.
Les adultes sont, eux, investis dans le monde
Mais l’aïeul et l’enfant se rejoignent en cela
Que leurs âmes sont plus proches de l’au-delà.

L’enfant, empli de ciel, vient de naître à la terre
Lorsque l’aïeul déjà s’approche du mystère,
Du passage secret qui mène vers les cieux.
Ensemble, ils communient à tout le merveilleux.

Un amour pur et fort l’une à l’autre relie
Ces âmes qui se croisent aux deux bouts de la vie.
Ô moments tant bénis que nous trouvons trop courts
Et que la vie si vite emporte dans son cours …

Mais voici que là-bas un bel oiseau se pose,
Alors nous reprenons notre leçon de choses ;
Et, heureux, nous allons à travers les chemins
Les cheveux au soleil et sa main dans ma main.

    Arnaud Jonquet  août 2006