Bâtissons une vie qui enfin nous ressemble

Comment peut-on vivre sans foi, sans espérance,
Sans pouvoir admettre la moindre transcendance,
Dans la vie matérielle avançant au hasard,
Sans but et sans lumière, à tâtons dans le noir ?

Sans sentir, regardant une voûte étoilée,
Qu’il existe partout, bien qu’à nos yeux voilée,
Une vie supérieure à tout ce que l’on voit
Dépassant de l’homme l’entendement étroit ?

Nous, humains, qui croyons du monde être l’élite,
Nous savons pourtant bien que nos sens nous limitent ;
Que, comme le prônait un voyageur des cieux,
L’essentiel est vraiment invisible à nos yeux ?

Devons-nous renoncer pour toute l’existence,
A ces aspirations apparues dès l’enfance,
A ces biens souverains et qui n’ont pas de prix
Qui nourrissent notre âme autant que notre esprit ?

L’exigence de paix, totale et éternelle,
Qu’image la colombe entrouvrant ses deux ailes,
La faim de justice, la soif de liberté,
Cet impérieux besoin de la fraternité ?

Sur les frontons ces mots dont on fit des devises,
Sont restés lettres mortes en cette époque en crise…
Et le besoin d’amour, certes pas sexuel,
Mais l’amour absolu, noble, spirituel !

Ces valeurs idéales tenues pour du rêve,
Sont en l’homme ce qui le grandit et l’élève
Au-dessus du monde nébuleux et obscur
Vers tout ce qui est saint, ce qui est grand et pur !

Tous les illustres noms restés en nos mémoires,
Grands êtres grâce à qui, tout au long de l’histoire,
Sages, penseurs, héros, bienfaiteurs ou savants,
L’humanité a fait un vrai pas en avant,

Tous ces hommes doués d’inspirations géniales
Avaient nourri en eux leur vision idéale
Qui s’appuyait toujours sur ces hautes valeurs,
Les seules qui, à l’homme, apportent la grandeur !

Tous ont fait des efforts, travaillant sur eux-mêmes,
D’importants sacrifices allant jusqu’au suprême ;
Ainsi que Prométhée nous donnant le flambeau,
Ils ont ouvert la voie vers les grands idéaux.

Ce siècle qui devient sombre et crépusculaire
Va-t-il donc s’enfoncer vers l’obscure matière
Sans foi, sans idéal et sans aspirations
Jusque au fond du gouffre, jusqu’à sa perdition ?

Trop d’objectivité et trop d’esprit critique,
L’ignorance de tout ce qui n’est pas physique
Détournent l’homme de ce qui est essentiel ;
Comme si la terre existait sans le ciel…

Il lui faut maintenant pour sortir de l’impasse
Se tourner vers le haut ; dans l’invisible espace
Chercher un idéal sublime et élevé,
Une vie à laquelle on a toujours rêvé.

Laissons donc de côté la science prétendue,
L’analyse acharnée qui divise et qui tue
Et ouvrons notre porte à tout ce qui construit :
L’amour et la confiance en l’âme et en l’esprit.

Bâtissons une vie qui enfin nous ressemble,
Une vie qui unit, une vie qui rassemble,
Laissons donc notre cœur déverser sa bonté,
Et notre âme exulter dans la fraternité !

Arnaud Jonquet octobre 2020